Immigrée aux Etats-Unis depuis 10 ans, Flore Geffroy-Kearley est journaliste independante et correspondante regulière de La Croix pour la côte Ouest. Elle travaille aussi occasionnellement pour d’autres médias francophones. Tout ça ne lui laisse pas beaucoup de répit, mais ça a plutôt l’air de lui plaire… Récit.
« C’est quoi, la vie d’un correspondant indépendant à l’étranger ? », me demande-t-on. Heu, bin…
Dimanche matin, 6h25. La sonnerie du téléphone ébranle vos pavillons ensablés par les restes d’une soirée achevée très près de potron-minet.
« – Allo ? Bonjour, c’est *bip* de Radio-Canada. Je m’excuse de vous déranger aussi tôt mais il y a un incendie aux Studios Universal à Los Angèles et je voulais savoir si vous pourriez nous faire une converse pour le bulletin de 10h. »
Note numéro 1 : quelles que soient les circonstances, le correspondant à l’étranger s’apparente au scout, dont la devise, fameuse, reste et demeure : « Toujours prêt ! » Surtout, il ne marque jamais la moindre surprise à l’annonce d’une info dont il ignore tout et qu’il va devoir traiter brillamment dans les minutes qui suivent.
« – Heuuuuuuuuuuuuu… (le cerveau se met lentement en marche) oui, je peux vous faire ça. Mais heu, comment dire, vous me laissez une petite heure que je me réveille et que je mette à jour mes infos ? » (Hé, ho, c’est dimanche, quand même, faut pas pousser).
« – Entendu, je vous appelle dans 25 minutes pour faire le point et passage à l’antenne ensuite. »
Voilà comment on se retrouve, un dimanche matin, à démarrer son ordi à fond de train tout en regardant CNN à la tévé, un stylo et un calepin à la main pour prendre des notes, tout en essayant péniblement de se réveiller et d’avoir la voix un peu moins rauque et un poil plus fraîche.
Note numéro 2 : Réaction, réactivité et disponibilité sont les trois mamelles du correspondant, quelles que soient les circonstances (et surtout en cas de décalage horaire).
Le reste est anecdotique. La converse (j’adôôre ce mot) au journal de 10h heure québécoise, 7h heure californienne, s’est doublée d’une autre intervention dans le journal de 12h (heure québécoise). Mais là, j’avais eu le temps de me réveiller, de mettre à jour mes infos et de coller mes deux trolls à leur père pour être sûre de ne pas être dérangée en plein direct.
Il y a aussi la version « Je pars en vacances une fois par an et la veille de mon départ deux propositions de papier tombent et je ne vais pas refuser même si ça me complique drôlement la vie ».
La vie de correspondant, un long fleuve tranquille ? Pour peu que tu aies, dans le désordre, un conjoint, un poisson rouge mauve (si ça existe), deux enfants qui courent partout, un jacuzzi qui tombe en panne tous les printemps, un VTT qui rouille dans ton garage, des rollers bringuebalants, saches, aspirant correspondant, que tu devras renoncer à vivre uniquement de ton métier si-bô-si-noble et que tu devras envisager une activité secondaire pour beurrer tes épinards.
Flore Geffroy
te souviens-tu d’un circuit vélo au sud Maroc?2 ou 3 ans plus tard,je suis passé à Maurs chez ta maman qui nous a accueillis,moi et mon frère,très chaleureusement.Hélas,tu étais déjà en Californie!
Mais oui Alain, je me souviens PARFAITEMENT ! Ca alors ! Comment m’as-tu retrouvee ??? Comment as-tu atterri sur ce blog ? Incroyable ! Quel est ton adresse email ?