Solenn Honorine, basée à Jakarta depuis avril 2007, partage son expérience dans une série de trois posts. Après le premier épisode, voici le deuxième volet dans lequel est abordée la gestion des creux dans l’actualité indonésienne. Un temps propice au travail de sujets magazine de plus longue haleine.
Comment répartissez-vous votre temps entre Le Figaro, RFI, Radio France… et toutes vos autres piges?
C’est très difficile d’être maîtresse de son temps puisque mes médias principaux suivent l’actualité. Lorsqu’il y a de l’actualité, je travaille pour tous en même temps, et lorsque c’est calme, j’essaie de préparer des sujets magazine, des projets de plus long terme. C’est d’ailleurs l’un des aspects les plus difficiles mentalement pour moi : gérer les périodes de creux, quand le pays va bien, qu’il n’y a aucun événement susceptible d’intéresser les médias (par exemple… en ce moment). Je travaille à la maison et je ne supporte pas de tourner en rond sans avoir rien à faire, donc j’essaie de profiter de ces périodes pour faire des plans à moyen ou long terme : lectures de background, écriture de proposition de sujet, l’inévitable harcèlement à des rédactions pour me faire payer…
En fait, je n’ai pas vraiment besoin de gérer mon temps entre les médias que tu mentionnes, mais plutôt entre les impératifs d’actualité et les projets mag, qui prennent du temps et exigent que je m’absente. Il est envisageable du coup que je ne puisse pas assurer la correspondance pour mes médias principaux et que je me les mette à dos s’il se passe quelque chose que je ne peux pas couvrir pour cause d’absence. Heureusement, ça ne m’est pas encore arrivé car jusqu’à récemment, j’avais une remplaçante.
Y a t’il un reportage qui vous a particulièrement marquée?
J’ai travaillé pour Newsweek sur un long reportage assez transversal sur l’Indonésie. Il comprenait une interview exclusive avec le Président, que j’ai réalisée avec le red chef Asie de Newsweek : impressionnant ! J’ai aussi beaucoup aimé le fait que malgré ses difficultés financières, ce magazine se donnait les moyens. J’ai pris trois fois l’avion en trois jours pour vérifier des choses dans des provinces dont on parlait, même si ces voyages ne sont pas évoqués dans le travail final. La satisfaction du travail bien fait… Enfin, c’est hyper agréable de travailler pour un gros média grâce auquel il n’y a plus aucune difficulté pour avoir une interview avec un personnage très occupé. Ce n’est pas le cas pour mes autres médias francophones puisqu’en Indonésie, la France ne compte pas !
L’autre reportage que j’ai préféré faire était un reportage sur la déforestation, au cœur de Bornéo, où je suis partie pendant quinze jours, il y a un an. J’ai adoré parler aux paysans et aux gens qui sont directement touchés par la déforestation ; cela met de l’humain dans un sujet qui, souvent, est très désincarné.
Propos recueillis par Elodie Raitière
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